POURQUOI CULTURES DU CŒUR EST PARTENAIRE D’1 SALON, 2 MUSICIENS ?

par Marie Dubois
Administratrice de Cultures du Cœur Indre et Loire

« Il n’y a pas d’un côté la figure de l’artiste qui tombe du ciel tel un deus ex machina doté d’une parole divine et de l’autre des gens ordinaires vivant des vies médiocres et qui, grâce à la démocratisation culturelle peuvent de temps à autre accéder aux œuvres de ces « gens magnifiques » que seraient les artistes. Tout ceci relève du mensonge, les artistes ont besoin des gens et de leur vécu pour nourrir leurs œuvres. » Philippe Mourrat*

Textes de lois, orientations et politiques publiques, missions intégrées aux équipements culturels, réflexions sur la place des artistes dans notre société… même si elle est omniprésente, la question de l’accès à tous aux pratiques culturelles est encore loin de prendre sens au quotidien. Si les acteurs culturels, associatifs et institutionnels travaillent sur la question des publics, les approches varient d’un établissement à l’autre. Alors qu’il existe un aller-retour entre le travail des artistes et l’espace social et que ceux-ci se nourrissent mutuellement, les actions culturelles sont d’abord souvent interrogées au regard de la qualité de leur contenu artistique sans réelle prise en compte de leur portée sociale.

Le succès rencontré avec le projet « 1 salon, 2 musiciens », s’est avant tout l’histoire d’une rencontre et le partage d’une vision commune entre Sébastien Boisseau, Le Petit faucheux et l’association Cultures du Cœur Indre et Loire. Il ne s’agit pas de l’artiste venant accomplir son « devoir social » en périphérie de ses activités artistiques, comme il ne s’agit pas non plus pour la salle de concerts, le partenaire « labellisé », de remplir ici son cahier des charges d’un quelconque volet d’actions culturelles.

Bien au contraire, il y a avant tout une conviction partagée, celle que chacun d’entre nous peut se sentir concerné par les musiques improvisées, être saisit et s’y sentir bien.

La conviction qu’il y a du public partout, que le champs d’action propre à la médiation culturelle ne doit pas se réduire à celui de l’intervention sociale standardisée, traité en option, en marge d’une programmation artistique qui tiendrait le haut du pavé.

Quand Sébastien nous a présenté le projet, celui-ci a pris sens immédiatement pour nous, au regard des valeurs que l’association souhaite défendre et partager. Nous n’avons pas sollicité l’artiste pour fabriquer un projet de toute pièce, mais c’est bien lui qui est venu avec. Dans ses bagages, l’envie de partager quelque chose de spécial. Et c’est aussi un partenaire de longue date, Le Petit faucheux, qui a souhaité s’investir une nouvelle fois et de bien des  façons, dans un projet innovant à nos côtés.

Et puis, surtout, il y a les participants, les travailleurs sociaux et leur public. Le projet s’est construit avec eux. Et à chaque fois, la rencontre et l’échange avant toute chose. Non, on ne vient pas vous expliquer que le jazz s’est mieux que tout le reste, distribuer la parole divine, et vendre de futures places de concerts. Certains d’entre vous ne reviendront peut être jamais au Petit faucheux, et alors ?

On est entre nous. On est chez nous, dans notre salon.

Nous souhaitons partager ce moment ensemble, où l’on peut dire que l’on n’aime pas ça, où l’on n’est pas obligé de faire semblant.

13 salons, 13 fois la certitude que les histoires d’élitisme, les « ce n’est pas pour moi » n’ont plus cours.

13 fois merci !

* Philippe Mourrat est directeur de la Maison des Métallos à Paris, ancien chef de projet des « Rencontres de la Villette », rendez-vous national et international des cultures urbaines.