« Faites emmerdant messieurs,
faites emmerdant ! »

Attribuée à Hubert Beuve-Méry, le fondateur du « Monde »(1), l’injonction aux rédacteurs du journal a nourri l’image de sérieux du quotidien du soir. Elle paraît avoir été taillée sur mesure pour le jazz et la musique improvisée tels qu’ils se sont longtemps pratiqués en France. Le trompettiste, improvisateur et sociologue anglais Tom Arthurs (2) montre très bien les postures développées par le jazz pour rompre avec son passé honteux (!) de musique de plaisirs (processus de légitimation des musiciens, appropriation du genre par une élite). Avec le temps, le sérieux a pris le pas sur le bonheur partagé d’une musique sensible et inventive ; d’une musique plaisante, dansante et intelligente que défend aujourd’hui une nouvelle génération de créateurs. Les musiciens de Yolk sont de ceux-là. Et ils l’ont expérimenté : le public qui rencontre leur jazz de création y trouve du plaisir. Toute la difficulté réside dans la possibilité de la rencontre : malgré toutes les étiquettes répulsives, comment amener le non-initié à goûter à l’inconnu s’interroge Sébastien Boisseau (3). L’expérience « 1 salon, 2 musiciens » dont le premier épisode s’achève ici est une réponse possible. Qui a fait ses preuves.

(1) La phrase aurait plutôt été prononcée par le patron du journal « Le Temps »,
quotidien dont « Le Monde » est l’héritier.
(2) Lire plus loin le texte de Tom Arthurs, « De l’importance des Salons »
(3) Cf. le texte de Sébastien Boisseau.